
Baudelaire : la photographie
La photographie
La photographie, c'est le matérialisme triomphant et l'impersonnalité, tout le contraire de la « création », l'ennemie du rêve, de l'idéal et de la poésie en général. Sans forcer les choses, on peut affirmer qu'à la fois elle incarne le spleen, en condense la nature et en expose tous les effets d'écrasement de ce qui est humain sur la terre, à savoir le désespoir et l'ennui. Car le sujet de la photographie, c'est bien, comme on ne cesse de le constater à la réflexion, la mort. Enfin, elle est une technique, rien qu'une technique, et le mieux serait d'ailleurs, pour le poète, qu'elle se cantonne à cela, parfaitement adéquate au Moderne et cet « âge des foules ». Il s'agit donc, concernant la photographie, à la lettre et sans la moindre nuance, d'une condamnation, de celle qu'un poète, ou au sens encore fort du terme pour Baudelaire et en fonction de la position qu'il occupe, un artiste, peut s'autoriser à prononcer.
Et pourtant, ce serait négliger qu'une poétique de la photographie est présente au coeur des pages que Baudelaire lui consacre à charge, qui reformule le statut de l'image en l'élevant à l'illumination, voire à la révélation.
(sous réserve de confirmation)
Largeur : 11.0 cm
Epaisseur : 0.7 cm